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Etre femme et immigrée à l'époque de la construction navale à la Seyne-sur-Mer

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Transcription : Adjointe au Maire à La Seyne-sur-Mer de 1950 à 1983

Collecteur : Prestataire exterieur
Langue : Français

Qualité du son : moyenne


Élue à 25 ans, en 1950 Écouter cette séquence

[...] Quand j'ai été désignée sur la liste pour être élue, c'était en fonction des expériences que j'avais faite dans ma vie. Je n'étais pas vieille, je n'avais que 25 ans. D'ailleurs, la première fois je ne pouvais pas être élus puisque l'éligibilité était à 23 ans, donc je n’étais pas sur la première liste.

[...] Mon père était un militant communiste, il travaillait à l'arsenal (...). Il a toujours défendu les ouvriers, la classe ouvrière, étant lui-même issu de la classe ouvrière.

[...] Ça a été le déclic, même si je vivais dans une atmosphère où le déclic devait automatiquement se présenter (...). J'étais à l'union des jeunes filles de France et l'on faisait des collectes de lait pour les enfants espagnols et des familles recevaient des enfants Espagnols.


Résistantes mère et fille pendant la deuxième Guerre Mondiale Écouter cette séquence

[...] Mon action était de taper des tracts. On m'amenait un texte et je le tapais sur une machine qui marchait très mal et on la sortait, avec mon premier mari, sur une machine qui, elle aussi, ne marchait pas bien. On passait des nuits pour sortir 10 tracts.

[...] Je tapais les tracts et on venait les chercher ici. Il y en avait cachés un peut partout. Cette maison était une boite aux lettres. Ma mère recevait du matériel qui venait de Toulon que l'on reproduisait et que d'autres venaient prendre pour mettre dans les quartiers, dans les chantiers et tout ça.
Ma mère dirigeait une organisation féminine. Nous avions des contacts avec des femmes des chantiers qui, elles, organisaient des manifestations et des actions de solidarité.


L'intérêt pour les femmes Écouter cette séquence

[...] Je faisais partie de cette catégorie de gens qui pensait que l'on ne pouvait laisser de côté la moitié de la population. Les femmes ne pouvaient pas voter encore. On pouvait penser que la politique ne nous intéressait pas.
Or, elle nous intéressait.

[...] J'ai été formée comme ça.


A partir de 1945 Écouter cette séquence


Les femmes dans la vie politique Écouter cette séquence

[...] Pour les hommes, les femmes devaient s'occuper du social. Cela dit, à La Seyne, il y avait de quoi faire.
Mais elles avaient pourtant démontré qu'elles ont fait de grandes choses pendant la guerre.
Moi, je distribuais des tracts, mais j'avais une amie qui vivait avec les allemands et qui faisait passer des armes en cachette.
De grosses choses ont été faites par les femmes mais on n’en parle pas assez. 

[...] On avait le droit de voter, mais pas de participer. 


En charge du social Écouter cette séquence

[...] Il y avait quand même un noyau d'assistantes, auquel je pouvais avoir confiance, je m'appuyais sur elles.

[...] J'ai essayé d'apporter tout ce que j'ai pu apporter. J'ai sûrement fait des erreurs.
Je ne pense pas avoir réalisé des choses plus importantes que d'autres. Je me suis battue pour que mes dossiers avancent. 

[...] Il fallait plus se battre pour les problèmes sociaux, même si on a eu la chance d'avoir des maires qui ont eu la fibre sociale.

[...] On allait trouver les gens pour leur apporter les choses dont ils avaient besoin. On leur parlait. On voyait comment on pouvait les aider. Notre priorité était celle-là. La Seyne avait été sinistré à 70 % et les gens revenaient, alors qu'il n y avait plus de logement, il n y avait plus rien. Il fallait trouver des solutions. Les gens avaient besoin que l'on s'occupe d'eux. Ils avaient besoin de retrouver leur place.


Les femmes au parti communiste Écouter cette séquence

[...] Il y a eu des réticences et des difficultés, on n'avait pas encore voté, nous n'avions pas encore montré de quoi nous étions capables. Il fallait peut-être en faire un peu plus que les hommes pour avoir notre place.

[...] J'étais prétentieuse et je pensais que les femmes avaient besoin d’être défendues et, ayant obtenu une certaine indépendance, je pensais qu'il fallait se battre pour que toutes les femmes aient la même chose. Je n’étais pas féministe cela dit. Le mot féministe ne me convient pas, parce que je le vois comme faisant une différence, faire des cloisons ne m'a jamais paru bien.


La Seyne en 1950 Écouter cette séquence

Madame : Quand j’ai été conseillère municipale, c’était au lendemain de la guerre. Donc, la situation à La Seyne était particulière, puisque la ville a été bombardée à 60 % et les chantiers devaient se reconstruire et se remettre en mouvement. Donc, cette période de début de mandat a été centrée sur la reconstruction de La Seyne et des chantiers.
Il a fallu quelques années avant que les chantiers reprennent. 

[...] On a ramé pendant des années (...). Il y a eu une décennie consacrée à la reconstruction de la vile (...).
Il a fallu tout reconstruire, les routes, les écoles, etc. 

Interviewer : Quelle était l’ambiance de la ville ?
Madame : Les gens étaient très dévoués et quand il fallait remettre les pavés dans une rue, on appelait les gens et ils venaient aider.

[...] Les caisses étaient vides il a fallu se battre.


La pyrotechnie Écouter cette séquence

[...] Il était cadre. Il s’occupait des ouvriers. Il était avec les ouvriers sur les chantiers. Il surveillait le travail (…). Il contrôlait, il dirigeait les équipes, il était sur le tas.  La pyrotechnie était liée aux chantiers. Elle fournissait les munitions (…). Mon père a commencé à travailler aux chantiers, mais très peu de temps. Il est ensuite parti à l’arsenal.


Le père et les grands-parents Écouter cette séquence

[...] Mes grands-parents ont aussi travaillé aux chantiers. Mon grand-père maternel était menuisier et mon autre grand-père était dans le fer.

[...] Il a progressé. Les chantiers ont été le point de départ, puis il a eu une ouverture à l’arsenal. 


L'évolution professionnelle Écouter cette séquence

Madame : [...] Mais mes parents n’y étaient pas trop ouvert et moi non plus (...).
j’ai continué et j’ai eu mon brevet de comptabilité.

Interviewer : [...] Vous n’avez pas songé à travailler aux chantiers ou à l’arsenal ?
Madame : Aux chantiers, je n’y ai pas songé et à l’arsenal, mon père ne voulait pas.


Les femme dans la vie politique Écouter cette séquence

Nous, les femmes, nous avons été acceptées parce que pendant la guerre nous avons prouvé que nous étions capables de faire quelque chose.
On a eu besoin de nous : les agents étaient des femmes, les transporteurs d’armes étaient des femmes, etc... Il y a eu une évolution. 

[...] Les femmes, si elles ne se battent pas on ne leur donne rien. On n'ira pas les chercher.


Les ouvriers des chantiers dans la vie politique Écouter cette séquence

Interviewer : Au PC, il y avait des relations spéciales avec les ouvriers des chantiers ?
Madame : Les ouvriers étaient toujours des battants et non des intellectuels.
La base de notre travail était ces ouvriers (...), à un moment donné, on était plus avec les ouvriers et on a délaissé le reste, on a été obligés de redresser plusieurs fois, c’est logique.
[...] Il y eu des gars des chantiers, parce que l’on considérait que la classe ouvrière c’était les chantiers, c’était La Seyne, ils avaient une place prépondérante. 

Interviewer : [...] Comment la municipalité a géré les manifestations en 1968 ?
Madame : On a toujours pris position avec les gens qui manifestaient. On a toujours été présents.
Ça pouvait se traduire par une déclaration à faire au conseil municipal.

Interviewer : [...] Comment les avez-vous aidés ?
Madame : La municipalité a essayé de les aider le mieux possible en leur donnant des colis, des vêtements, un soutien politique.
[...] Au fil du temps, les choses se sont améliorées, les ouvriers ont obtenu un meilleur niveau de vie. Ils étaient aussi mieux défendus par des syndicats.


Adjointe au Maire Écouter cette séquence

Madame : [...] Je faisais des horaires un peu particuliers, pour me permettre d’être en mairie le soir à 16h et un jour par semaine je ne travaillais pas, j'étais en maire et je n’étais pas payée. C’était notre état d’esprit, je n’étais pas seule.
[...] Dimo était très attaché à son boulot, il se battait pour faire avancer ses idées. Il avait des contacts avec des organisations, il défendait des projets...

Interviewer : Comment s’est déroulée cette période, avec les premiers licenciements aux chantiers ?
Madame : On s’est bagarrés. On a essayé d’organiser des manifestations. On a fait ce que l’on croyait devoir faire, en fonction de nos ouvertures politiques. On a été dans la rue avec eux. On a essayé de participer à la mobilisation des travailleurs. 
Nous avons essayé de leur apporter notre aide politique. Nous avons essayé d’être à côté d’eux. 


La municipalité et les femmes des chantiers Écouter cette séquence

Interviewer : Est-ce que vous aviez des relations, en tant qu'élue, avec les femmes des chantiers ?
Madame : J’avais des relations avec le syndicat et par l’intermédiaire des services sociaux qui travaillaient avec les chantiers.
[...] On voulait qu’ils fassent une crèche d’entreprise. 
C’est Marie-Jeanne, une femme qui travaillait aux chantiers, qui faisait la liaison entre la municipalité et ces femmes. 


Les manifestations et la fermeture des chantiers Écouter cette séquence

[...] Il y avait de très grandes manifestations, car la majorité des gens dépendaient des chantiers.
C’était très important car les gens sentaient la nécessité de le faire.