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Etre femme et immigrée à l'époque de la construction navale à la Seyne-sur-Mer

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Transcription : Femme de ménage et femme d'un peintre des chantiers dès 1975

Collecteur : Prestataire exterieur
Langue : Français

Qualité du son : bonne


Présentation du témoin Écouter cette séquence

Je suis née en Casamance. On est du même pays avec mon mari.


L'arrivée en France et le décapage sur les bateaux Écouter cette séquence

Il a commencé à travailler en 1968 en France. Il est de 48.
Il est venu avant moi. Il est venu légalement directement à l'arsenal de Toulon.
Il était peintre qualifié. Il faisait un travail très dur. Il y avait que ce travail de bateau à Toulon.

J'ai travaillé dans les bateaux pendant 6 mois. C'est comme ça que j'ai eu mon numéro de sécurité sociale. Je faisais du décapage de peinture, par terre. C'est comme ça que j'ai vu les bateaux. Je travaillais dedans, dans les chambres dans les bateaux. Ça ne me plaisait pas. C'était très dur.
Comme les enfants étaient petits, j'ai arrêté.


L'arrivée à la Seyne Écouter cette séquence

J'ai 5 enfants, tous nés ici, 3 filles et 2 fils. Moi je suis arrivée au Bregaillon. Avant La Seyne, c'était très beau. On se promenait avec les enfants.


L'amiante et le décès du mari Écouter cette séquence

Mon mari a eu une opération du cœur à Toulon, une autre à Marseille. Il est mort à 39 ans en 1987.
Ça fait 20 ans que je suis veuve. L'aînée n'avait que 9 ans. C'était l'amiante. Alors, on est là sans savoir quoi faire autour de l'amiante. Il était en invalidité. Maintenant je ne touche plus rien. Par l'association Gaspar, j'essaie d'avoir des aides. J'en aurai en 2009, parce que j'aurai l'âge de toucher la retraite de mon mari. Je ne sais pas s'ils vont m'en donner une.


Aide cuisinière Écouter cette séquence

Je travaille. J'ai fait un stage d'aide cuisinière grâce à une assistante sociale.
Après, ils m'ont pris à la mairie dans les écoles. Ça me plaît. Ça m'a sauvé.


Après les chantiers et le travail des femmes Écouter cette séquence

Maintenant que les chantiers sont fermés, comment faire pour travailler ?
Les femmes avant ne travaillaient pas. On s'occupaient des enfants.
J'habite Berthe depuis 1983. D'un coup tout le monde s'est retrouvé sans travail ici. Y'en a qui sont partis pour le travail. Beaucoup de femmes sont parties avec leur mari. Mais certains hommes n'avaient pas leur femmes là.
Ils sont encore à Saint-Nazaire.

Moi, je n'allais pas voir les lancements. Je ne sais pas à quoi servaient ces bateaux. Ils étaient très beaux dedans les bateaux. Après, ils partaient en mer et ils en commençaient un autre.


Les veuves de l'amiante Écouter cette séquence

Maintenant, y'a plus d'hommes. Ils sont tous partis.
Ils ne savaient pas qu'il y avait le problème de l'amiante.
Ici, à la cité, y'a beaucoup de veuves.
Je ne sais pas si des sénégalais étaient chefs.
Nous, les femmes, on s'occupaient des enfants.


Seynoise et sénégalaise, après le décès du mari Écouter cette séquence

Je vais souvent en ville. Comme j'habite dans cette ville depuis 30 ans, elle me plaît. Je me suis habituée à être ici. Je suis une seynoise. J'ai vieilli ici.
Peut-être j'irai au Sénégal à la retraite. Je me sens sénégalaise et française parce qu'il y a les enfants ici.
Y'a que mon frère là-bas. Il est fonctionnaire au Sénégal. Mon mari est mort à 39 ans. J'y pense trop à mon mari. On était nés dans le même quartier, à Socouta. Ça me fait trop mal qu'il soit mort. Si j'avais su, je ne serais pas partie du Sénégal. C'est trop dur.
Heureusement, une assistante sociale a été comme ma mère. Elle m'a aidée pour le stage et la formation. Elle m'a sortie de la souffrance cette dame. Les enfants étaient très jeunes, moi j'avais 35 ans.


La religion à La Seyne, un prêtre ouvrier Écouter cette séquence

Je suis croyante. Ici, y'a la paroisse Saint-Jean.
Parfois on fait des sorties avec les femmes de la paroisse.
Je vais à l'église tous les dimanches. Avant j'allais à Notre Dame en ville. Elle est très belle. Ici beaucoup de gens vont à la paroisse.
Il y a une mosquée ici aussi, au Foyer Avon à Berthe.
Ici y'a toutes les religions. Ça c'est le destin du Bon Dieu, c'est lui qui décide où on naît.
Ici y'a pas de problèmes entre les différentes communautés.
Y'avait un prêtre aussi sur les chantiers. Il travaillait avec les ouvriers.


Les associations "Femmes dans la cité" et "Mamboulaba" Écouter cette séquence

Je suis dans les associations : Femmes dans la cité et Mamboulaba.
Elles servent à se rencontrer, tous les mois, pour discuter de la vie, des souvenirs.
Mais on ne parle pas du passé avec tout le monde.


Les plages à La Seyne Écouter cette séquence

Nos enfants ne connaissent pas le chantier. Ils étaient jeunes quand ça a fermé.
Je ne suis jamais allée voir le parc à la place.
Avant, j'allais beaucoup à la mer aux Sablettes, au Mourillon.
Avant aussi, le bord de mer était agréable. On y allait le soir en car pique-niquer.
Depuis que je suis veuve, je ne le fais plus parce que je dois être papa et maman à la fois, je ne peux pas surveiller tout le monde. Ma fille de 17 ans habite avec moi. Et puis c'est tout. Ses frères et sœurs s'occupent d'elle.


Les logements à La Seyne Écouter cette séquence

Ma première maison, c'était Le Verlac dans le centre de La Seyne, près du port.
Quand j'ai eu beaucoup d'enfants, j'ai demandé un HLM. Les chantiers cotisaient pour que les ouvriers aient des appartements. Avant, tout passait par les patrons. C'était très facile avant, pas comme maintenant.
Mon mari allait à pied au travail. Y'avait beaucoup d'hommes. Tous les ouvriers rentraient par la grande porte principale. Après, j'ai habité à Germinal A4. Je connaissais déjà des gens.
Dans les immeubles, il n'y avait pas que des ouvriers des chantiers.
Après, j'ai déménagé à Fructidor, au premier étage, je préférais.
L'école et le collège sont tout près. Tout le monde y va, ça me plaît.


La Seyne et Soucouta au Sénégal Écouter cette séquence

Je ne sais pas si mes enfants se sentent français et sénégalais.
Je les ai tous amenés là-bas, au Sénégal.
Avant, j'y allais souvent. Les billets étaient moins chers. On payait 1000 francs. Maintenant, c'est 500, 700 euros.
Je retourne à mon village Soucouta, en Casamance, où je suis née. De Dakar, je prends le bateau ou le car. Le bateau part le soir, il arrive le matin. C'est trop bien, on sent l'odeur de la mer, du fleuve, il y a tout là-bas.
Ici, j'aime bien la mer, c'est pour ça que j'aime bien La Seyne. Depuis que les enfants sont grands, je ne vais plus à la mer. Certains de mes enfants sont à Paris parce qu'ils ne trouvaient pas de travail ici.
Parfois ils descendent ici, ou moi je monte. Ici, c'est chez eux.


L'association Gaspar Écouter cette séquence

J'aime bien parler de mes souvenirs. On se réunit une fois par mois entre femmes africaines.
L'autre association, Gaspar nous aide pour nos enfants, pour nous aussi, les gens faibles. Elle est très bien.
Elle existe depuis très longtemps. Mes enfants aimaient y aller. Nous, on demande de l'aide que quand vraiment on a rien, rien. A Gaspar, ils te demandent ta situation. Si tu travailles pas, ils savent comment t'aider.


Les communautés immigrés à la cité Berthe Écouter cette séquence

A Verlac, j'étais la seule sénégalaise, parce que c'était privé. A Berthe, on est tous mélangés.
Il n'y a pas de différences entre les différentes communautés.
Tous m'aident à monter les courses, arabes, français… Mais, il n'y a pas encore de mariage entre les différentes communautés. Mes enfants sont mariés avec des sénégalais.
Mais ils peuvent faire ce qu'ils veulent.
Moi, je cherche pas à savoir pourquoi ils sont entre sénégalais. C'est comme ça.


Le port de La Seyne Écouter cette séquence

Il y a un bateau qui fait La Seyne-Toulon. C'est bien. Ça existe depuis longtemps.
J'ai jamais fait attention au pont en métal.
Il y a des gens qui pêchent au bout du port.
Je ne suis jamais allée au nouveau parc. C'est très joli, je le vois quand je vais chez mon fils à La Présentation.
C'est tout l'endroit du chantier.
Comme j'habite là, je ne vais pas au parc, les touristes y vont. J'y ferai un petit tour un jour.
Au centre, ils ont rénové les façades.